Le cinquième élément

(Le cinquième élément)

 L'histoire

En 1914, en Egypte, alors qu'il va percer le mystère d'un temple, un archéologue voit surgir des extraterrestres. Ceux-ci ont confié quatre pierres, symboles des quatre éléments que sont la terre, le vent, le feu et l'eau, ainsi qu'un cinquième élément central, à la garde de prêtres qui se transmettent le secret de génération en génération. Ces artefacts ont le pourvoir de protéger et de vaincre le Mal. Mais sur Terre, la guerre est proche, et pour ne pas mettre en péril ces précieux objets, ils viennent les récupérer et promettent de les rapporter dans trois cent ans.

Trois cent ans plus tard, les humains ont acquis la faculté de voyager dans l'espace et ont découvert de nombreux mondes hors de notre système solaire. Mais l'humanité est en proie à un soudain et intriguant phénomène spatial : un objet céleste de la taille d'une petite planète se dirige droit vers la Terre et menace de la détruire avec elle ses deux cent milliards d'habitants. Vito Cornelius, un des prêtres qui conserve le savoir ancestral, y entrevoit l'œuvre du Mal. En effet, l'objet grossit davantage à chaque fois qu'une frappe militaire tente de le désintégrer. Dans 48 heures toute vie humaine aura été balayée. Seul les quatre éléments réunis autour d'un cinquième - l'être suprême, le guerrier créé pour défendre la vie – pourront les sauver. Détenus par les Mondoshawan, c'est justement un de leurs navires qui approche. Malheureusement, celui-ci est détruit par des mercenaires extraterrestres à la solde de Zorg.

Le seul survivant du crash (où du moins ce qu'il en reste) est rapatrié à New York dans le laboratoire de Nucleolab. A partir de ces restes, les scientifiques parviennent à recréer un être parfait à l'image de sa composition moléculaire : une belle jeune femme répondant au nom de Leeloo. LeeLoo s'échappe du laboratoire. Poursuivie par les forces de police, le hasard la mène dans le taxi de Korben Dallas, ancien membre d'élite des forces fédérales à la retraite. Intrigué et ébloui par sa beauté, Dallas décide de lui venir en aide et la conduit auprès de Vito Cornelius qu'elle réclame. Celui-ci lui apprend qu'elle représente le cinquième élément… et elle sait où se trouvent les pierres salvatrices ! Tandis que Cornelius cherche un moyen de se rendre sur la planète Fhloston pour les récupérer, de son côté, Korben Dallas est réactivé par le gouvernement qui veux également mettre la main dessus. Tous deux ne se doutent pas que le terrible Zorg les convoite également. Par un concours de circonstance Korben fera le voyage en compagnie de LeeLoo...

Dallas conduit Leeloo auprès de Vito Cornelius - Le cinquième élément
Dallas conduit Leeloo auprès de Vito Cornelius

Le petit mot du Doc

C'est depuis l'age de 16 ans que Luc Besson a eu l'idée de cette histoire futuriste. Grand amateur des œuvres de Jean "Moebius" Giraud et de Jean-Claude Mézières, le réalisateur français a su associer à son projet les deux plus grands dessinateurs d'anticipation de l'hexagone. Durant toute la phase de préproduction les deux artistes ont créé la ville futuriste, les véhicules, les intérieurs, bref tout l'univers du film. Alors que de nombreux cinéastes se sont inspirés de leur travail sans même les citer, Besson, lui, les a employé. Il n'est alors pas surprenant de trouver ça et là quelques ressemblances avec d'autres films, les dessins de Moebius et Mézières faisant maintenant parti de l'inconscient collectif.

Tourné aux studios Pinewood près de Londres, le film a bénéficié d'un budget de 90 millions de dollars, ce qui est énorme pour une production française. Porté par le réalisateur du GRAND BLEU (1988) et de NIKITA (1990), Gaumont a tout de suite accepté le challenge.

La Diva - Le cinquième élément
La Diva

Pour l'apprécier pleinement, il est nécessaire d'aborder LE CINQUIEME ELEMENT au second degré. Dans le genre, c'est une sorte d'ovni. Besson n'a pas voulu faire un film de science-fiction pessimiste ni poser de problématiques sérieuses, et a préféré ici jouer la carte de l'humour et de la dérision : des répliques croustillantes (citons celle du Général Munro : "Ma philosophie Monsieur le Président et de tirer d'abord et de poser des questions ensuite. Je n'aime pas les surprises !"), des armes énormes, un tyran qui s'étouffe avec une cerise, des extra-terrestres arrogants et orgueilleux qui s'amusent comme des enfants, un animal de compagnie sortie d'on ne sais où, des personnages au look glauque.

Ce qui marque de prime abord est d'ailleurs le look des personnages. Hormis les trois principaux, ont sent que tout a été possible et permis, transformant parfois le film en véritable bande dessinée vivante. Ces personnages, dessinés par Moebius et Mézières, et habillés par le grand couturier Jean-Paul Gauthier, ne respectent aucune convention : les policiers, les extra-terrestres, le farfelu Ruby Rhod et, bien sur, le méchant de service, l'infâme Zorg, tous servent le propos dérisoire dans un monde technologique situé à mi-chemin entre BRAZIL (1985) et BLADE RUNNER (1982) auquel LE CINQUIEME ELEMENT a d'ailleurs beaucoup été comparé.

L'infâme Zorg et les mercanaires extraterrestres - Le cinquième élément
L'infâme Zorg et les mercanaires extraterrestres

On a aussi beaucoup comparé le film de Besson à ceux de la trilogie Star Wars de George Lucas. Il est vrai que de prime abord il semble exister quelques similitudes : le prêtre barbu ferait un parfait Obi-Wan Kenobi, les navires terriens ont un look de star destroyers impériaux, tels des Mynocks des parasites s'agrippent aux vaisseaux et la Diva est sans doute inspirée par Oola, la danseuse de Jabba. En contrepartie, Lucas a bien dû lui aussi tirer partie du film de Besson : la ville futuriste et la poursuite (taxi jaune contre Airspeeder d'Anakin, jaune aussi) dans L'ATTAQUE DES CLONES (2002) ; les jumelles Twi'leks rutian bleues copiant à leur tour la Diva Plavalaguna dans LA MENACE FANTÔME (1999).

LE CINQUIEME ELEMENT est servi par une brochette d'acteurs de premier choix. Au côté de Bruce Willis (qui a d'ailleurs accepté le rôle en deux heures), héros de la série des "Die Hard" (PIEGE DE CRISTAL – 1988, 58 MINUTES POUR VIVRE – 1990, UNE JOURNEE EN ENFER – 1995), astronaute pour Michael Bay en 1998 dans ARMAGEDDON et sauveur de l'humanité (à nouveau) dans L'ARMEE DES 12 SINGES de Terry Gilliam en 1995, Besson fait la part belle à Milla Jovovich. Il remettra l'actrice sur un pied de stalle deux ans plus tard pour JEANNE D'ARC. On la retrouvera encore plus tard dans la trilogie des Resident Evil à laquelle elle imposera le personnage d'Alice, puis en 2006 dans l'esthétique ULTRAVIOLET de Kurt Wimmer. Pour épauler ce joli duo, le réalisateur fait appel à son ami Gary Oldman (il accepte le rôle sans lire le script) qui avait déjà joué pour lui dans LEON (1994) et à Ian Holm qui n'était autre que Ash dans le ALIEN de Ridley Scott en 1979. Et puis, pour boucler ce tour d'horizon d'un casting époustouflant, citons les prestations de Brion James (il est Léon Kowalski dans BLADE RUNNER), de John Neville (Baron de Munchausen dans LES AVENTURES DU BARON DE MUNCHAUSEN de Terry Gilliam – 1988) et l'apparition de Mathieu Kassovitz, comédien français et réalisateur du récent BABYLON A.D. (2008).

Leeloo est le cinquième élément - Le cinquième élément
Leeloo est le cinquième élément

Bien qu'ils datent de 1997, les effets spéciaux sont très réussis et n'ont pas grand-chose à envier aux productions d'aujourd'hui. Si à cela on ajoute les couleurs chatoyantes du film, la qualité de sa photographie et son look intemporel, disons-le franchement, LE CINQUIEME ELEMENT n'a tout simplement pas pris une ride. Bref, LE CINQUIEME ELEMENT n'est sans doute pas l'œuvre universelle de la science-fiction mais tout simplement un film indémodable, amusant et joli qui est maintenant devenu l'un de ses classiques, porteur d'un message - certes très stéréotypé - mais d'un message tout de même : l'amour peut vaincre toute sorte de maux.