King Kong

(King Kong)

 L'histoire

Le téméraire et flamboyant cinéaste documentaire Carl Denham navigue vers la distante Ile du Crane pour filmer sa dernière épopée qui met en vedette Ann Darrow. Des guerriers natifs kidnappent Ann et la livre en sacrifice à "Kong" aux côté d'un sorcier local. Mais au lieu de la dévorer, Kong la sauve. Kong est finalement capturé est emmené à New York. Parvenant à s'enfuir et à kidnapper la belle, il trouve refuge au sommet de l'Empire State Building où il doit affronter une flotte de chasseurs de la première guerre mondiale…

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Le petit mot du Doc

Le jeune Peter Jackson a 8 ans lorsqu'il découvre le KING KONG de Schoedsack et Cooper sur l'écran cathodique du foyer. L'envie de réaliser lui aussi nait ici, de cette expérience hors du commun, de ce film époustouflant aux effets spéciaux bluffants. En 1996, après le succès de CREATURES CELESTES, Peter Jackson envisage sérieusement de tourner enfin son propre King Kong. Mais son projet est retoqué : MON AMI JOE (1996) est sur le point de sortir et un autre monstre, emprunté à la culture japonaise, est en route sous la houlette de Roland Emmerich : GODZILLA (1998). Il se jette alors dans une autre aventure, celle de l'adaptation du roman de Tolkien, "Le seigneur des anneaux".

L'énorme succès de la trilogie du SEIGNEUR DES ANNEAUX (2001-2003) ouvre en grand les portes au réalisateur néo-zélandais. Et son idée de rendre hommage au film de la RKO ne l'a pas quitté. Les droits du film que se sont disputés la Paramount et les Studios Universal dans les années 70 sont depuis revenus dans l'escarcelle de ce dernier, Paramount Pictures ayant en son temps usé de ces droits pour commettre le KING KONG (1976) du producteur Dino De Laurentiis avec Jeff Bridges et Jessica Lange. L'expérience de Jackson sur la trilogie fantastique en Terre du Milieu est alors la clé de la réussite du remake de KING KONG.

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Contrairement à la version de 1976 qui s'inscrit dans une époque contemporaine, évinçant – non sans charme d'ailleurs – le gratte-ciel de l'Empire State Building pour ceux du World Trade Center, ou les mythiques biplans pour des hélicoptères de combat, Jackson nous livre une adaptation extrêmement fidèle à l'œuvre de Cooper et Schoedsack. Tout en développant plus encore les relations entre les différents personnages, il replace son film dans les années de la grande Dépression des années 30. Pour lui l'action de KING KONG ne pouvait avoir lieu qu'en 1933, date à laquelle son film préféré avait été tourné et à laquelle il était sensé se situer. Tout d'abord parce qu'à cette époque il pouvait encore se concevoir l'existence d'une île inconnue et que la présence d'avions de chasse modernes dans la scène culte et finale du film ne pouvait selon lui se justifier. De plus, l'avancée technologique en matière d'image de synthèse lui permet aussi de créer un décor légendaire, celui de la ville de New York en 1933, le pendant de Skull Island qui oppose, tout comme les personnages du film, la nature sauvage à la civilisation. Bâtie de toutes pièces1 dans un environnement virtuel elle ne cesse de délivrer son trafic incessant de véhicules et autres taxi (déjà jaunes) de cette période.

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Dans cette mégapole reconstituée d'après les photos d'époque, Ann Darrow, une actrice de music-hall tente de survivre. La salle où la jeune femme se produisait doit fermer et son avenir semble bien incertain. Jusqu'à ce qu'elle s'engage dans cette aventure unique qui la transformera à tout jamais. Le rôle mythique de "la belle" à été confié à la non moins ravissante comédienne australienne Naomi Watts, découverte dans MULHOLLAND DRIVE de David Lynch. Elle succède ainsi à l'actrice Fay Wray, la toute première muse de Kong. En fait, Naomi Watts a rencontré Fay Wray pour les besoins du film. C'était lors d'une entrevue avec Peter Jackson qui espérait bien la faire apparaitre dans un caméo. Mais la star hollywoodienne est décédée le 9 aout 2004 à l'âge de 96 ans. Faute de participation, Jackson a ajouté à son script une petite réplique qui s'avère un joli clin d'oeil à la vielle dame : lorsque Carl Denham énumère la liste des potentielles actrices pour son film et qu'il lâche le nom de Wray, son assistant lui répond : "Non, elle tourne un film pour la RKO !" Trimbalée et secouée dans tous les sens, Naomi Watts peut aussi remercier sa doublure numérique. Sans elle la comédienne aurait à coup sur hérité de belles migraines à répétition.

Jack Black (ROCK ACADEMY, LES VOYAGES DE GULLIVER) interprète Carl Denham, le réalisateur qui n'en est pas à son premier coup tordu pour mener à bien son projet. Plus jeune que le personnage joué par Robert Armstrong dans le film original, Peter Jackson a voulu lui donner le look d'un Orson Welles charismatique et déterminé. Quant à Adrien Brody il endosse le costume de l'écrivain Jack Driscoll qui, par amour pour Ann Darrow, va se transformer en un aventurier inattendu. Ce personnage est celui qui a le plus évolué par rapport à la version originale du film, alors joué par Bruce Cabot. Adrien Brody, consacré par le rôle titre du PIANISTE (2002), inscrira plus tard plusieurs titres de science-fiction à sa filmographie tels THE JACKET (2005), SPLICE (2009) ou encore PREDATORS (2010).

Mais bien entendu la véritable star du film est Kong lui-même. Et de sa réussite dépendait celui du film. Exit les comédiens en costume ! Même si Rick Baker avait su démontrer avec panache que cette technique fut tout à fait acceptable dans MON AMI JOE sorti 7 ans plus tôt, le gorille est ici une création 100% infographique. Jackson a dès le début écarté l'idée d'un monstre pour choisir un véritable "dos argenté", toutes proportions gardées. Le résultat de 5000 dessins préliminaires et de deux ans de travail sur le modèle numérique est tout simplement extraordinaire. Le visage de Kong est copié sur "flocon de neige", un célèbre gorille albinos du zoo de Barcelone au faciès atypique. Pour faire bouger Kong, donner la "réplique" et poser un point de référence pour les effets visuels, le choix s'est porté sur celui qui va devenir le grand spécialiste de la Performance Capture : Andy Serkis qui avait déjà servit de modèle au Gollum de la trilogie des anneaux. Pour s'imprégner du comportement des gorilles, l'acteur n'a pas hésité à se rendre au Rwanda pour étudier un groupe de 23 animaux comme le fit la scientifique Diane Fossey dont l'aventure inspira le film GORILLES DANS LA BRUME en 1988. Véritable comédien il interprète aussi Lumpy, le cuistot bourru du "Venture" qui finira dévoré par les "vers de puits".

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Car une promenade dans la jungle de Skull Island est loin d'être de tout repos et le spectateur ne regrettera surement pas de la découvrir depuis son moelleux fauteuil. C'est une véritable ménagerie numérique qu'ont créée les artistes de Weta Workshop et Weta Digital, les sociétés d'effets spéciaux de Peter Jackson. Le film n'est pas avare en bestioles en tout genre, plutôt de belles tailles, et toutes aussi mortelles et/ou répugnantes les unes que les autres ! Là est la grande liberté prise par le réalisateur comparativement au matériel d'origine. Il faut dire que, depuis LE SEIGNEUR DES ANNEAUX, tout est réalisable. Et pour le coup, côté bestiaire, Jackson à laissé libre court à sont imagination, relookant quelques peu les improbables dinosaures et imaginant de toute pièces le reste de la faune. A l'opposé de la version de John Guillermin qui en avait quasiment fait l'impasse – techniques d'effets spéciaux limitées et budget resserré oblige -, Jackson renoue avec les belles bagarres entre Kong et quantité de monstres préhistoriques. La version longue du film, en particulier, déborde de ces scènes de combat. Même la séquence des araignées géantes, coupée dans l'œuvre originale, a été réintégrée. Question effroi, l'autre côté de la muraille vaut aussi son pesant d'or. La tribu sauvage est tout simplement terrifiante et son environnement à glacer le sang !

Le 1er avril 2005, à quelques mois de la sortie mondiale, Peter Jackson annonce lui-même que Universal lui a donné le feu vert pour réaliser deux suites. Le deuxième épisode qui s'appellera SON OF KONG est annoncé pour le mois de juin 2006 et le troisième volet KING KONG : INTO THE WOLF'S LAIR pour le mois de décembre de la même année. Le pitch est lancé "A la veille de la deuxième guerre mondiale, Kong junior va combattre des monstres mutants développés par les Nazi dans une bataille qui va conduire Denham, Englehorn, Ann et Driscoll en Europe." Ce synopsis digne d'une mauvaise série Z et les dates de sortie fantaisistes annoncées firent un beau poisson d'avril !

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Avec ce KING KONG, Peter Jackson a non seulement enfin réalisé son rêve d'enfant - filmer sa propre version du film de Cooper et Schoedsack - mais il à rendu aux cinéastes et à leur œuvre un véritable hommage sans céder le moindre pouce de sensibilité ! Il a su mettre toute la technologie du numérique au service de l'histoire sans jamais dénaturer la poésie qui transpire de cette relecture de "La Belle et la Bête".

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1Tourner à New York était impossible, la ville a bien changé en plus de 70 ans ! Il a donc été décidé de recréer la mégapole en Nouvelle-Zélande. Deux blocs en rez-de-chaussée ont été reconstruits à l'identique, un sacré chantier ! Et près de 100.000 immeubles virtuels ont été ajoutés pour rendre la ville la plus réelle possible.

30 septembre 2014