Robot Monster

(Robot Monster)

 L'histoire

Les belliqueux Ro-men ont annihilé la population humaine grâce à un rayon cosmique. Mais avant de pouvoir coloniser la terre, le leader Ro-Man donne ordre à son subordonné sur notre planète de tuer les huit derniers survivants. Parmi ceux–ci, la famille du petit Johnny, dont le père, un professeur, a mis au point un sérum protégeant les humains du rayon mortel…

Ro-Man a trouvé refuge dans une grotte - Robot Monster
Ro-Man a trouvé refuge dans une grotte

Le petit mot du Doc

ROBOT MONSTER est un film à part dans la filmographie de science-fiction des années 50. Pour la plupart des critiques il s'agit du navet de chez navet, qui détrônerait presque PLAN 9 FROM OUTER SPACE (1959). Il est vrai que tout cela vole au ras des pâquerettes…

Sans pour autant dire qu'il s'agit d'un bon film de science-fiction, ce ROBOT MONSTER n'est pourtant pas si mauvais lorsque l'on comprend que toute cette histoire n'est que le rêve d'un jeune garçon. Le rêve ouvrant les portes du tout et du n'importe quoi, le spectateur va alors découvrir une invasion extra-terrestre : les belliqueux Ro-Men ont décidé d'exterminer la totalité de l'espèce humaine sans aucune compassion ! Avec réussite, ils ont anéanti les plus grandes villes en utilisant un étonnant rayon de la mort. La Terre ne compte alors plus que 8 survivants, une famille dont le père a inventé un sérum antibiotique magique (la pénicilline, médicament qui fit faire un bond de géant dans le domaine sanitaire, est apparu dans toutes les pharmacies vers 1945) qui l'immunise contre toutes les maladies, y compris ce furieux rayon exterminateur. De son véritable nom Ro-Man XJ2, celui qui semble le dernier oppresseur encore sur la planète est bien attrapé ! Pressé par son supérieur à terminer la mission, notre simiesque extra-terrestre se met à la recherche de ces intolérables survivants… calculette à la main.

Le look de notre envahisseur pèse de tout son poids pour catégoriser le film dans le nanar de première catégorie. Ro-Man est une sorte de gros gorille plein de poils possédant un casque aux allures d'aquarium et surmonté de deux antennes de télévision d'intérieur. Je plains l'acteur qui a du passer quelques longues heures dans ce costume délirant qui se joue du moindre fondement scientifique. Le rêve pardonnera à nouveau ces hilarantes fantaisies.

La dernière famille terrienne encore en vie s'inquiète ! - Robot Monster
La dernière famille terrienne encore en vie s'inquiète !

On le comprend, ROBOT MONSTER est un film à petit budget et les quelques 20.000 dollars qu'aurait couté le film n'ont pas permis aux accessoiristes (pourtant plein d'imagination) de faire des miracles. Alors re-rigolade en découvrant que le communicateur spatial de notre exterminateur velu est fait de boites à chaussure et d'une vieille radio, le tout camouflé par d'innombrables et généreuses bulles de savon !

Côté scénario, ce n'est guère plus folichon. Ro-Man fait plus rire qu'il n'impressionne et l'action n'a ni queue ni tête ! Et lorsque l'on a rien à dire ni à faire, pour ajouter en longueur au métrage, reste la bonne vieille méthode des stock-shots. Phil Tucker, réalisateur à la courte carrière, emprunte (on ne sait pourquoi) les images de combats de montres préhistoriques à TUMAK, LE FILS DE LA JUNGLE (1940) et THE LOST CONTINENT (1951) ainsi que la fusée de FLIGHT TO MARS (1951).

Pourquoi s'effrayer ? - Robot Monster
Pourquoi s'effrayer ?

Le film fait bien entendu écho à la peur de l'atome. L'explication donnée à l'invasion rappelle la mise en garde de Klaatu dans LE JOUR OU LA TERRE S'ARRETA (1951) : l'homme devient dangereux ; les Ro-Men ont décidé d'exterminer l'humanité avant que celle-ci ne les extermine. Après une première attaque, la stupidité de la race humaine aurait fait le reste : croyant à une attaque nucléaire de pays adverse, tout le monde se serait bombardé à coup de bombes H, la hantise de ces années cinquante.

Comme le confirme l'entre-acte, ROBOT MONSTER faisait partie de ces programmes de divertissement destinés aux Drive In, ces cinémas géants de plein air, inconnus chez nous mais véritables icônes de l'American Way of Life de ces années d'après guerre. Et pour ne pas décevoir les adolescents américains en mal de sensations qui s'y rendaient (souvent en couples, officiels ou à confirmer), le film n'omet pas de saupoudrer une petite touche de romantisme gratuit, accompagné de scènes de flirts qui ne pouvaient que donner envie au garçon de passer à l'action. Mais jamais d'excès ! Les valeurs du mariage sont ici sauvegardées !

Une captive qui joue le jeu - Robot Monster
Une captive qui joue le jeu

Ce n'est donc pas sa maturité cinématographique qui a rendu célèbre ROBOT MONSTER. On n'avait pas non plus demandé à Phil Tucker de faire quelque chose de compliqué vu le peu d'argent mis sur la table. On pourra simplement reprocher au film d'avoir été formaté pour un public d'adolescents, préoccupé par les problèmes de leurs âges et de leur époque. En tout cas, pour nous contemporains, c'est une rigolade assurée…