Star Trek : le film

(Star Trek: The Motion Picture)

 L'histoire

 Histoire complète

En 2271, une entité nuageuse détruit plusieurs vaisseaux Klingons. Epsilon 9, la station spatiale de la Fédération est la victime suivante de cet immense et mystérieux nuage d'énergie qui se dirige tout droit vers la Terre et la menace.

Sur Terre, l'USS Enterprise est prête à enquêter. L'Amiral James T. Kirk prend les commandes du vaisseau remis à neuf, destituant de son poste son actuel capitaine, Will Decker, et rappelle sous ses ordres le Docteur Leonard McCoy. Le vaisseau accueille également à son bord, Ilia, une navigatrice Deltan qui eue par le passé des relations amoureuses avec Decker.

Dans un tragique accident deux membres d'équipage trouvent la mort lors d'un disfonctionnement du téléporteur. Parmi eux était Snak, l'officier scientifique Vulcain. Tandis que Kirk rassemble l'équipage et l'informe de sa mission avant de mettre le cap sur l'entité, un navire courrier débarque un nouvel officier scientifique : Spock, qui sur Vulcan se préparait au rite de Kolinahr - l'achèvement de la logique totale Vulcan et la purge des émotions restantes -, a interrompu sa méditation et son admission dans les rangs vulcains pour investiguer sur le belliqueux ennemi. Heureux de retrouver Spock, Kirk est bientôt confronté à un étranger froid et effacé.

Briefing - Star Trek : le film (Star Trek: The Motion Picture)
Briefing

Le vaisseau spatial rencontre l'entité qui prouve rapidement ses guerrières intentions. Lorsque Spock tente de communiquer avec elle, une sonde ennemie accède aux consoles et aux ordinateurs, pillant les données stockées du navire. Puis la sonde disparaît, emmenant Ilia avec elle. L'USS Enterprise est alors attirée au centre du nuage par un rayon tracteur. Une nouvelle sonde, à l'apparence d'Ilia celle-ci, se matérialise. Elle dit être envoyée par "V-Ger" pour étudier les unités carbone qui infectent le navire… l'équipage. Ce dernier apprend que V'Ger est sur la route de la Terre à la recherche de son créateur. Pour contacter V'Ger, Kirk se sert des relations privées qui lient Decker et Ilia.

Persuadé que la meilleure méthode de rassembler des données sur V'Ger est de les puiser directement à la source, Spock revêt une combinaison et quitte le vaisseau. Son incroyable voyage au centre du nuage culmine lorsqu'il découvre les images que V'Ger a emmagasinées. Lorsqu'il essaie d'associer son esprit à la forme vivante, l'officier scientifique est court-circuité et renvoyé sur l'Enterprise. Cette fusion lui a toutefois permit d'apprendre que V'Ger est seul et qu'il cherche à comprendre pourquoi il a été créé.

V'Ger arrive près de la Terre et appelle son créateur. Sans réponse, l'entité tire une salve d'énergie sur la planète afin d'éliminer toute trace d'unité carbone. Forcé d'agir dans l'urgence, Kirk explique à V'Ger qu'il sait pourquoi le Créateur n'a pas répondu. Intéressé par la remarque de Kirk, la sonde Ilia notifie que l'attaque cessera lorsque Kirk s'expliquera. Mais Kirk ne veut parler qu'à V'Ger en personne. Kirk, Spock, McCoy et Decker sont conduit par Ilia hors du vaisseau vers le cerveau de V'Ger...

Kirk reprend le commandement de l'Enterprise à Decker - Star Trek : le film (Star Trek: The Motion Picture)
Kirk reprend le commandement de l'Enterprise à Decker
 Attention Spoiler ! la fin du film vous est racontée ci-dessous…

Les officiers de Starfleet sont surpris de découvrir que V'Ger est en réalité une sonde spatiale lancée au 20ème siècle. Plus précisément, une plaque d'inscription altérée indique qu'il s'agit de la sonde "Voyager 6". Celle-ci a disparu dans un trou noir pour émerger sur une planète habitée par des machines vivantes qui ont interprété sa programmation comme "Apprenez tout ce qui peut être appris et informez en le Créateur en retour".

Lorsque l'USS Enterprise transmet les anciens codes de Voyager, V'Ger transmet à son tout toutes ses informations. Mais, d'une manière inattendue, V'Ger insiste pour que le Créateur en personne termine la séquence. Lorsqu'il réalise que V'Ger veux physiquement se lier à son créateur, Will Decker se porte volontaire. Decker et Ilia s'unissent avant de disparaître. L'équipage de l'USS Enterprise réalise humblement qu'une nouvelle forme de vie vient d'être créée. L'expérience laisse Spock plus en paix avec lui-même et décide de ne pas retourner sur Vulcan. Kirk conserve le commandement de sa vénérée USS Enterprise et McCoy reprend la charge de Médecin. Ayant été témoin que "l'aventure venait juste de commencer", Kirk repart vers l'immensité de l'espace pour de nouvelles aventures…

L'Enterprise entre dans le nuage entité - Star Trek : le film (Star Trek: The Motion Picture)
L'Enterprise entre dans le nuage entité

Le petit mot du Doc

STAR TREK, la série culte des années 60, a été retirée des antennes au printemps 1969 après trois saisons d'une fantastique aventure cosmique, quelques mois seulement avant même que l'homme ne marche sur la Lune. L'oeuvre de Gene Roddenberry s'est durablement ancrée dans l'inconscient collectif. Au-delà de l'important et mythique fandom qu'elle a bâtit, la conquête spatiale lui en sera également reconnaissante, les américains en particulier en nommant l'une de leurs navettes "Enterprise".

C'est à la convention mondiale de science-fiction d'Oakland, en Californie, en 1968, que Roddenberry mentionne pour la première fois l'idée d'un film sur l'univers de STAR TREK. Le scénario envisagé raconte l'histoire de Kirk, Spock et McCoy à l'académie spatiale. Cette idée se transforme finalement en commande de Paramount en 1975. Un premier scénario intitulé "The God Thing" traite d'une machine qui a amassé les connaissances de l'univers. Mais la façon dont il remet en cause la manière dont les humains se représentent Dieu ne manque pas d'éveiller quelques différents religieux. Après plusieurs autres tentatives infructueuses, le projet tombe à l'eau et Paramount préfère se concentrer sur une nouvelle série intitulée STAR TREK : PHASE II. Son pilote, écrit par Harold Livingston, parle d'une machine intelligente qui cherche le Dieu N'sa qui l'a créé, une histoire inspirée de "In Thy Image", une nouvelle de l'auteur de science-fiction Alan Dean Foster. Lors de sa transformation en scénario, N'Sa, qui fait clairement référence à la NASA (National Aeronautics and Space Administration), devient alors V'Ger.

Le 25 juin 1977, LA GUERRE DES ÉTOILES déboule sur les écrans américains. Avec le succès mondial du film de George Lucas, Paramount décide de transformer le pilote de 2 heures de PHASE II en un long métrage à destination des salles. Parmi la liste de réalisateurs naïvement pressentis pour le diriger figurent Francis Ford Copolla, Steven Spielberg, George Roy Hill, Norman Jeffison et même George Lucas ! Mais c'est finalement au grand Robert Wise que revient la direction. Si l'amateur connait le cinéaste pour l'indémodable et culte LE JOUR OÙ LA TERRE S'ARRÊTA (1951) et l'excellent LE MYSTÈRE ANDROMÈDE (1971), on le connait peut-être moins pour des œuvres toutes aussi majeures à des lieues de la science-fiction telles les comédies musicales WEST SIDE STORY et LA MELODIE DU BONHEUR ou encore le drame historique L'ODYSSEE DU HINDENBURG. Robert Wise n'est pas un familier du show télévisé, mais retourner à la science-fiction et de telle manière est une belle opportunité. "J'ai lu le scénario et j'ai visionné une douzaine d'épisodes afin de m'en imprégner et de me décider", dit-il.

Spock a tenté de percer le secret de V'Ger - Star Trek : le film (Star Trek: The Motion Picture)
Spock a tenté de percer le secret de V'Ger

Malgré un scénario qui change à maintes reprises sous l'influence de Gene Roddenberry, d'Harold Livingston et des stars du film William Shatner et Leonard Nimoy, Wise parvient tout de même à mener le film à son terme. "Lorsque nous avons commencé à tourner, seule la première partie du scénario était écrite. A partir de là nous n'avons pas arrêté d'écrire et de réécrire la seconde et la troisième partie du film. […] N'importe comment, ce n'est pas une façon de faire un film" explique-t-il. On doit aussi à Wise d'avoir imposé ici le retour de Spock, ce qui n'était pas acquis de prime abord. En effet, non seulement Leonard Nimoy avait remisé au placard ses oreilles de Vulcain dont il ne voulait plus entendre parler, mais le scénario original l'avait déjà remplacé par un autre Vulcain. Merci M. Wise pour cette heureuse initiative, dictée semble-t-il par vos enfants, eux connaisseurs de la série ! A ces deux sujets, notons tout de même qu'un cachet conséquent proposé par le studio aura sans doute eu raison des tergiversations de l'acteur et que la scène du disfonctionnement du transporteur permit la réintégration du célèbre personnage à bord de l'Enterprise. Pour en finir avec la difficile genèse du scénario, notons encore que celui-ci s'inspire également de deux épisode de la saison 2 : "La machine infernale" dans lequel une machine se nourrit de planètes et "Le Korrigan" où Nomad, une sonde spatiale terrienne du 21ème siècle est la cause de la disparition soudaine du système Malurian et de ses 4 milliards d'habitants. Anecdote : Wise apprendra la chose de la bouche des fans eux-mêmes.

En tant que long métrage STAR TREK : LE FILM doit surpasser ce qui avait coutume d'être fait sur les épisodes en termes de photographie. De véritables et grandioses décors de cinéma remplacent les anciens décors en carton pâte et les costumes sont retravaillés pour être moins flashies et plus adaptés au grand écran. Wise lui-même insiste pour virer les pyjamas colorés "On aurait vraiment trop dit une bande dessinée", dit-il.

Autre challenge : les effets spéciaux. Pour ce premier long métrage Trekkies, Douglas Trumbull, qui avait refusé de prendre en charge les effets spéciaux de LA GUERRE DES ÉTOILES, est ici de la partie. Rappelons-le, Trumbull a travaillé avec Stanley Kubrick sur les FX de 2001 L'ODYSSÉE DE L'ESPACE et avec Steven Spielberg sur ceux de RENCONTRES DU TROISIÈME TYPE. Il est ici secondé par John Dykstra qui apporte son expérience gagnée sur STAR WARS et sur GALACTICA - LA BATAILLE DE L'ESPACE en mettant à profil le filmage particulièrement précis de maquettes via sa caméra révolutionnaire : la Dykstraflex. De références au chef d'œuvre de Kubrick, STAR TREK : LE FILM n'en manque d'ailleurs pas et Trumbull y est sans doute pour quelque chose. A l'opposé de LA GUERRE DES ÉTOILES qui donne dans l'action deux heures durant, STAR TREK : LE FILM s'apparente davantage à une aventure posément déroulée vers l'inconnu, fidèle d'ailleurs au concept de la série. En ceci Robert Wise nous sert de longues scènes (parfois un peu trop d'ailleurs, mais il le reconnait lui-même) qui créent l'extase de la découverte, telle les superbes retrouvailles entre l'Enterprise et son mythique capitaine, le tout accompagné d'une musique extraordinaire de Jerry Goldsmith. Où encore (définitivement trop longue celle-ci) celle ou l'Enterprise et son équipage entrent dans le nuage ennemi pour y découvrir ses merveilles, une scène qui rappelle celle où l'astronaute de 2001, Dave Bowman, traverse l'univers dans une féérie de couleurs et de formes inattendues.

La sonde Ilia est le contact avec V'Ger - Star Trek : le film (Star Trek: The Motion Picture)
La sonde Ilia est le contact avec V'Ger

Avec un budget de 40 millions de dollars1, STAR TREK : LE FILM en a rapporté quelques 82, ce qui représente aujourd'hui en 2012 l'équivalent de près de 420 millions. C'est bien entendu aux Etats-Unis que le film fait le plus d'entrées. En France, bien que la série soit moins connue (le téléspectateur français ne découvrira la série originale qu'en 1982), le film réalise tout de même un chiffre correct sans conteste dopé par l'engouement retrouvé pour le space opéra depuis la sortie de LA GUERRE DES ÉTOILES. Ce succès commercial permettra de donner une nouvelle vie à la franchise qui allait alors poursuivre vers de nouvelles aventures cinématographique, mais aussi télévisuelles…

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1 A l'origine de 8 millions de dollars, le budget du film a explosé. Il y a fort à parier que si le studio avait su par avance combien son film allait coûter, nous ne l'aurions peut-être jamais vu… et les futures séries non plus. Qui sait ?

06 juillet 2012