Man of Steel

(Man of Steel)

 L'histoire

Un petit garçon découvre qu'il possède des pouvoirs surnaturels et qu'il n'est pas né sur la Terre. Plus tard, il s'engage dans un périple afin de comprendre d'où il vient et pourquoi il a été envoyé sur notre planète. Mais il devra devenir un héros s'il veut sauver le monde de la destruction totale et incarner l'espoir pour toute l'humanité…

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Le petit mot du Doc

Tandis que Marvel sort le bulldozer pour imposer ses super-héros sur le grand écran, les personnages de DC Comics se font plus rares sur ce média. Pourtant, Superman est, de tous, le plus assidu. Créé par l'écrivain Jerry Siegel et l'artiste Joe Shuster, Superman est rapidement devenu, depuis sa première parution dans Action Comics #1 le 18 avril 1938, une figure emblématique de la culture populaire. Il a conquis des fans dans le monde entier et donné naissance à des représentations sous toutes les formes et sur presque tous les supports du secteur du divertissement. Les aventures cinématographiques de l'icône, qui va rapidement représenter l'invincible protecteur Américain, débutent en 1948 dans un sérial de 15 épisodes dans lequel l'acteur Kirk Alyn endosse le costume rouge et bleu. 4 ans plus tard, l'acteur George Reeves lui appose son image définitive dans une nouvelle série composée cette fois-ci de 104 épisodes dispatchés sur 6 saisons. Mais c'est en 1978 que l'homme capé devient un classique du grand écran dans le SUPERMAN de Richard Donner et qui donnera la vedette à Christopher Reeve le temps de 4 long-métrages jusqu'en 1987. Enfin, dernière apparition notoire, Superman revient en 2006 sous les traits de Brandon Routh dans SUPERMAN RETURNS de Bryan Singer, alors le réalisateur incontournable de l'adaptation de comics puisqu'il vient de réaliser X-MEN et X-MEN 2.

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La genèse de MAN OF STEEL débute alors que le cinéaste Christopher Nolan et le producteur Charles Roven travaillent ensemble sur THE DARK KNIGHT RISES, ultime volet de la trilogie Dark Knight. Ils ont à eux deux construit les bases de l'histoire qui servira de point de départ au développement du scénario de David S. Goyer, scénariste de DARK CITY (1998), JUMPER (2008) de BATMAN BEGINS (2005) et créateur de la série FLASH FORWARD (2009). La réalisation est quant à elle confiée à Zack Snyder qui nous avait impressionné avec l'excellent WATCHMEN (2009), mais aussi déçu avec l'histoire simpliste de SUCKER PUNCH (2011). Très enthousiaste, Snyder a pourtant hésité à assumer la responsabilité de faire revivre sur grand écran un des tout premiers super-héros de l'histoire de la bande dessinée. "Je ne voyais pas ce que je pouvais apporter de neuf à ce personnage", dira-t-il. Mais le potentiel de sa modernisation l'a fait changer d'avis.

Cette volonté d'inscrire le personnage dans la société du 21ème siècle a été le maître mot d'un projet qui devait présenter un personnage de chair et de sang auquel le spectateur puisse s'identifier. Pour concrétiser cette vision contemporaine de Superman sur grand écran, la production s'est focalisée sur les comics en faisant abstraction totale des précédentes adaptations cinématographiques et télévisuelles. Le film, relecture de la bande dessinée de Siegel et Shuster, s'attache aux événements précédents l'arrivée de Clark Kent au Daily Planet. En particulier, tout comme le faisait Richard Donner dans le film de 1978, on assiste à la naissance du personnage et à sa rapide confrontation avec le général Zod et ses troupes, comme le fera encore Richard Donner en 1980 dans SUPERMAN 2. Mais, comme tout héros moderne, l'homme est quelque peu torturé. Ses convictions, ses interrogations sur ses origines et sur le sort qu'on lui réserverait si son existence venait à être dévoilée, son long questionnement sur sa vie solitaire et clandestine en marge de la société et sur le but de sa mission sur Terre, ainsi que les difficiles décisions qu'il doit prendre sont autant de questions largement exploitées par le film. D'ailleurs, l'intitulé MAN OF STEEL ne trompe pas : pour la première fois le titre d'un "Superman" ne contient pas le nom de son héros, parti pris d'en faire un homme comme vous et moi… avec quelques pouvoirs en plus.

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En plus d'affirmer son côté moderne, le film de Zack Snyder s'attarde bien plus longuement sur l'histoire de Krypton et sur sa déchéance que l'ensemble des précédents long-métrages réunis. On découvre ainsi que les Kryptoniens sont d'incroyables explorateurs qui ont colonisé plusieurs planètes. MAN OF STEEL nous dévoile aussi une facette méconnue de la société kryptonienne : le spectateur va découvrir que les hommes et les femmes de Krypton ne naissent pas de façon naturelle. Du coup, il existe un système de caste qui prédispose chaque individu à une tâche bien précise au sein de la société.

Le film bénéficie d'un casting cinq étoiles. Pour incarner le nouveau Superman, les producteurs ont choisi l'acteur britannique Henry Cavill (STARDUST, LE MYSTÈRE DE L'ÉTOILE). Lois Lane, la journaliste la plus célèbre du monde de la BD est ici une dure à cuire bien loin du stéréotype de la jeune femme fragile souvent dispensé par les précédentes adaptations. Amy Adams (ARRETE MOI SI TU PEUX), déjà nommée à quatre reprises à l'Oscar, a été désignée pour remplir le rôle. Les deux pères de Superman sont incarnés par deux immenses acteurs : Kevin Costner (DANSE AVEC LES LOUPS, WATERWORLD, POSTMAN) joue Jonathan Kent, le père adoptif de Kal-El et Russel Crowe (PROGRAMMÉ POUR TUER, GLADIATOR) son père biologique, rôle tenu par Marlon Brando dans le SUPERMAN de 1978. Laurence Fishburne (MATRIX), véritable fan de la saga Superman, a été choisi pour reprendre le rôle du rédacteur en chef du Daily Planet, Perry White. Vu dans VANILLA SKY (2001) Michael Shannon revêt le costume du déterminé général Zod tandis que celui de sa fidèle adjointe, Faora-Ul, revient à l'actrice Antje Traue découverte dans PANDORUM (2009) de Christian Alvart.

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Dans SUCKER PUNCH on avait pu découvrir toute l'ampleur du travail effectué par le réalisateur sur le graphisme de son film. Celui de MAN OF STEEL, et plus particulièrement celui de la planète Krypton, ne surprendra donc pas. Ses paysages ocres et sombres d'un monde en guerre et à l'agonie dévoilent Krypton sous un nouvel angle. Inspiré du travail du photographe allemand Karl Blossfeld, séduit par les courbes des végétaux, le "look" de Krypton s'en retrouve très organique (à l'image des vaisseaux spatiaux qui rappellent ceux de JOHN CARTER) et ne laisse échapper aucune ligne droite. On est à l'opposé du film de Richard Donner dont les successions de faces planes et d'arrêtes anguleuses de la cité extra-terrestre ne rivalisaient qu'avec la taille des cristaux géants de kryptonite.

Zack Snyder a choisi de tourner son film en 2D plutôt qu’en 3D native, et de le convertir ensuite en 3D en postproduction. "J'ai pensé qu'il fallait adopter une mise en scène 'intimiste', en tournant caméra à l’épaule" explique-t-il. Un procédé plutôt inhabituel pour ce genre de production, avec la volonté de fournir une image au grain apparent qui se rapproche du documentaire. Pour les scènes d'action, on notera aussi l'emploi de quelques beaux zooms façon… BATTLESTAR GALACTICA !

Il aura fallu presque 1 an de pré-production, 125 jours de tournage (soit deux fois plus qu'un autre film) et 15 mois de postproduction pour venir à bout de ce dernier opus du super-héros. Tourné dans les glaciers de Colombie Britannique, dans le désert du Mojave en Californie ainsi qu'à Chicago dont les bâtiments ont servi de modèle à Metropolis, c'est dans la petite ville de Plano, dans l'Illinois, que l'équipe s'est installée pendant 4 semaines pour figurer la mythique Smallville.

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A film modernisé, costume modernisé. C'est aux chefs costumiers James Acheson et Michael Wilkinson qu'est revenue la lourde tâche de dépoussiérer la tenue de Superman, à commencer par son blason, le "S" que le super-héro arbore fièrement sur sa poitrine et qui fait partie des 5 logos les plus connus au monde. Représentant à l'origine le nom de Superman, MAN OF STEEL nous apprend que ce "S" est depuis devenu le symbole héraldique du clan des El, et qu'il signifie "espoir". De même, les membres du conseil de Krypton ont leurs propres symboles ou glyphes, ainsi que Zod et les autres représentants de l'élite kryptonienne. Quant au costume de Kal, il a subi un réel lifting qui s'est traduit dans sa forme la plus visible par la disparition de sa culotte rouge. Celle-ci, présente depuis les toutes premières esquisses du comics, était à l'origine un symbole visuel pour définir les hommes forts tels qu'on pouvait les voir dans les foires et autres fêtes foraines.

Superman a eu 75 ans en mai… MAN OF STEEL est un beau cadeau fait à son personnage.

28 juin 2013