Un jour sans fin

(Groundhog Day)

 L'histoire

Phil Connors enrage. Comme tous les ans, parce qu'il présente la météo sur une chaîne de télévision de Pittsburgh, il doit se rendre à Punxsutawney pour une fête locale, la "fête de la marmotte", qui célèbre chaque 2 février la fin de l'hibernation des marmottes. Un cameraman, Larry, et une belle productrice, Rita, l'accompagnent. Une tempête de neige les empêche de rentrer le soir même. Furieux, Phil se couche tôt. Le lendemain, il semble être le seul à s'apercevoir que la journée de la veille recommence. Mêmes paroles, mêmes incidents. Chaque matin, le 2 février recommence. D'abord dérouté par ce piétinement du temps, Phil y prend bientôt un certain plaisir. Plus rien n'a de conséquence au-delà du délai d'une journée...

Même jour, même heure - Un jour sans fin (Groundhog Day)
Même jour, même heure

Le petit mot du Doc

C'est le jour de la marmotte ! Sans en expliquer les raisons quantiques (mais là n'est pas but recherché), Harold Ramis nous refait vivre une même journée à l'infini, celle du météorologue Phil Connors coincé dans une boucle temporelle que seul l'amour lui permettra de vaincre. Mais revivre la même journée n'est pas synonyme d'ennui, au contraire…

La boucle temporelle est pour le cinéma et la télévision un thème récurrent. Faire revivre des personnages la même tranche de temps inlassablement a déjà inspiré pas mal d'œuvres, curieusement d'ailleurs plus de séries que de film. Il faut dire que le sujet, tentant mais complexe, est sans doute plus facile à traiter en 45 minutes que le temps d'un long-métrage qui risque d'ennuyer le spectateur. On trouvera donc le sujet traité dans plusieurs séries de qualité : EUREKA (2006-) épisode "Journée sans fin" ; FRINGE (2008-) épisode "Allers-retours temporels" ; STAR TREK : LA NOUVELLE GENERATION (1987-1994) épisode "Boucle temporelle" ; COUPS DE GENIES épisode "La boucle temporelle" ; STARGATE SG-1 (1997-2007) épisode "Un jour sans fin" ; AU DELA DU REEL : L'AVENTURE CONTINUE (1995-2002) épisode "Déjà vu". Citons un court-métrage : 12:01 PM de Jonathan Heap. Celui-ci donna l'idée d'un remake pour la télévision en 1993 par Jack Sholder avec le film RETOUR A LA CASE DEPART (1993). Au cinéma on pensera à deux excellents films : TIME CRIMES (2007) de l'espagnol Nacho Vigalondo dont Hollywood prépare le remake, et L'EFFET PAPILLON (2004) d'Eric Bress et J. Mackye Gruberrevit. Pour ces deux films, bien que les évènements nous ramènent régulièrement dans les mêmes phases temporelles, l'action vient de l'extérieur qui tente de remodeler le passé avec plus ou moins de brio.

Technique de drague imparable - Un jour sans fin (Groundhog Day)
Technique de drague imparable

En traitant le sujet dans sa forme la plus naturelle, sans artifice, UN JOUR SANS FIN est à ce titre un film exceptionnel, faisant certainement figure de modèle à suivre. Ici point de scientifique pour chambouler le temps et tenter de sortir de la boucle infernale, mais juste un journaliste, un homme comme vous et moi, témoin, spectateur et victime à la fois qui n'a d'autre choix que de tirer le meilleur de la situation.

Phil Connors, un brin prétentieux et hautain, est non seulement coincé dans le temps mais il l'est aussi physiquement. Les intempéries qui sévissent lui interdisent de quitter cette petite ville de Pennsylvanie qu'il déteste. Non seulement Punxsutawney est l'antinomie de la vie citadine qu'il a l'habitude de mener mais c'est contraint et forcé qu'il a du se pourfendre d'un reportage "idiot" sur un évènement local de cette petite ville de province. Il va pourtant devoir en faire son purgatoire.

Cet homme se réveille tous les jours à 6h00 du matin, la même chanson rabâchée par le même radio réveil. Chaque jour est un éternel recommencement, celui du "jour de la marmotte", jour haï par excellence mais dont il va devoir se satisfaire. De son équipe de reporter télé, le caméraman Larry et la productrice Rita pour qui il en pince, il est le seul à percevoir cette boucle journalière répétée à l'infini.

Enlèvement d'une marmotte - Un jour sans fin (Groundhog Day)
Enlèvement d'une marmotte

Harold Ramis exploite pleinement cette figure de répétition dans un but comique. Ne pouvant que subir, Connors profite d'abord de la situation. Il fume, il boit, il dévore sans se soucier le moins du monde de sa santé… A quoi bon ? Il a besoin d'argent ? Qu'à cela ne tienne, il n'a qu'à se servir car il sait exploiter n'importe quelle faille, y compris celle de convoyeurs de fond un tantinet distraits. En amour aussi ! Ses connaissances des personnes, enrichies de jour en jour, lui permettent de séduire quelques dames, à défaut de parvenir à séduire Rita. Qu'importe puisque ses actes n'ont aucune conséquence et que chaque matin est un nouveau recommencement.

Vient une période de déprime et d'ennui. Phil se suicide par quatre fois, des morts horribles mais terriblement amusantes prises dans le contexte. Rien n'y fait qui puisse mettre un terme à ce cauchemar. Il accepte alors sont sort et s'ouvre aux autres. Cet homme arrogant et cynique devient aimé de tous. Il prend le temps d'écouter les autres et vient en aide à ceux qu'il considérait jusque-là comme des "pecnos". Il apprend à jouer du piano et découvre la poésie italienne. Car au plus profond de lui son cœur bat toujours pour Rita. Il va alors délaisser les artifices et grâce à elle devenir quelqu'un d'autre… sans doute la clé de cette boucle temporelle.

Larry et Rita assistent à l'un des suicides de Phil - Un jour sans fin (Groundhog Day)
Larry et Rita assistent à l'un des suicides de Phil

Bill Murray, acteur de talent et vedette de S.O.S. FANTOMES (1984) et S.O.S. FANTOMES II (1989) s'est fait mordre par deux fois par une marmotte lors du tournage. Son frère aîné, Brian Doyle-Murray, fait aussi partie du casting : il interprète Buster. A noter également que "le jour de la marmotte" existe pour de vrai ! Il se nomme "Groundhog Day Destival". Cependant pour les besoins du film le tournage n'a pas eu lieu à Punxsutawney mais à Woodstock dans l'Illinois.