La Planète des Singes : l'affrontement

(Dawn of the Planet of the Apes)

 L'histoire

Une nation de plus en plus nombreuse de singes évolués, dirigée par César, est menacée par un groupe d’humains ayant survécu au virus dévastateur qui s’est répandu dix ans plus tôt. Ils parviennent à une trêve fragile, mais de courte durée : les deux camps sont sur le point de se livrer une guerre qui décidera de l’espèce dominante sur Terre.

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Le petit mot du Doc

Relecture du film de Franklin J. Schaffner plus que du roman de Pierre Boulle duquel il prenait déjà quelques libertés, une nouvelle saga "planète des singes" s'est initiée en 2011 avec LA PLANÈTE DES SINGES : LES ORIGINES sous la caméra de Rupert Wyatt et des scénaristes Rick Jaffa et Amanda Silver. Salué par la critique comme par le public, le film a connu un succès mondial avec près de 500 millions de dollars de recettes. Avec ses effets visuels révolutionnaires signés Weta Digital il a permis de raconter l'histoire à travers le regard d'un singe doué d'une conscience et de sentiments, un personnage doté de réelles qualités humaines qui en ont fait - dans cette version cinématographique - le véritable héros de l'histoire.

Nous voici donc ici avec le deuxième volet d'une trilogie confirmée. À la fin des ORIGINES, les singes se libéraient de leur captivité au moment où un virus mortel créé par les humains (à l'origine un traitement contre la maladie d'Alzheimer qui a paradoxalement permis aux singes de développer leur intelligence) se répandait dans le monde. César, leader bienveillant des singes, a conduit les siens en sécurité à Muir Woods, non loin de San Francisco. C'est là que son "père" humain, Will, l'avait aidé à fuir l'enfermement de la ville. Ce nouvel opus débute dix ans plus tard. 99% de la population humaine a péri, soit sous l'effet du virus, soit à cause du chaos général qui en a résulté. Seuls quelques survivants, naturellement immunisés, se sont réfugiés dans les grandes villes. Du moins à San Francisco car personne n'a encore pu entrer en contact avec d'éventuels survivants ailleurs. Et dans les forêts de séquoias au nord de la ville les singes ont établi et développé une paisible communauté de près de 2000 individus.

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Singes et Hommes vivent donc chacun de leur côté et chaque camp pense que l'autre a été éradiqué. Jusqu'au jour où la rencontre des deux espèces vient bouleverser le fragile équilibre de la reconstruction. César va devoir gérer cet équilibre et faire face non seulement aux humains mais également à l'inaltérable haine de certains singes, autrefois bien maltraités par ces derniers. Pour avoir été élevé par l'un d'entre eux, César sait que tous les humains ne sont pas mauvais et sa nature pacifiste l'encourage à "faire confiance". Mais il va aussi découvrir que les singes ne sont pas tous bons et que le modèle social auquel il aspire, visant à ne par reproduire les erreurs commises par l'Homme, et qu'il a jusque là bâti, est bien frêle. Les humains éprouvent de la colère et du ressentiment envers les singes en raison des souffrances que le virus a causées à l'humanité ; les hommes jugent à tort les singes responsables, parce que ce sont en réalité les humains qui ont créé le virus en laboratoire dix ans plus tôt. Il ne sera pas facile de cohabiter sans violence !

En prenant tout son temps, LA PLANÈTE DES SINGES : L'AFFRONTEMENT continue d'écrire les bases de l'histoire de la "planète des singes" telle que nous la connaissons ou comment les primates ont pu créer une nouvelle société et devenir les nouveaux maîtres du monde. La grande intelligence du scénario est de ne pas brûler les étapes, par exemple en ne donnant pas au singes la faculté de paroles qu'on ceux de la pentalogie originale. Ainsi, le langage qui a été "magistralement" découvert par le spectateur dans le premier volet n'est pas encore totalement installé et la plupart des singes parlent encore en langage des signes. Il faut dire que tous les singes, issus de milieux différents tels que laboratoires ou zoos n'ont pas atteint le même niveau intellectuel. Tandis que l'évolution suit naturellement son rythme pour mener à la société simiesque décrite dans la version de 1968 de Franklin J. Schaffner, le film montre comment l'éducation et l'apprentissage participent au résultat que l'on sait.

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Après sa magnifique interprétation dans LA PLANÈTE DES SINGES : LES ORIGINES Andy Serkis prête à nouveau ses traits à César grâce à la technologie de Motion Capture (mo-cap). Cette technologie, expérimentée avec succès en 2004 par Robert Zemeckis dans LE POLE EXPRESS a fortement progressé et permet même maintenant de tourner en milieu naturel, ce qui était impossible auparavant (plus de 85 % du métrage a été filmé dans les forêts de Vancouver et dans la région de La Nouvelle-Orléans). Véritable acteur spécialisé dans l'exercice (on lui doit notamment les personnages de King Kong dans le film éponyme de Peter Jackson et de Gollum dans la double trilogie du SEIGNEUR DES ANNEAUX et du HOBBIT du même Jackson) il donne littéralement vie à César et lui insuffle le puissant lien émotionnel qui le lie aux spectateurs. A noter que l'on retrouvera Andy Serkis dans le prochain STAR WARS… mais sous quelle couverture ?

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On parle beaucoup d'Andy Serkis, et c'est bien légitime, mais il faut aussi rendre hommage aux autres acteurs de mo-cap qui ne déméritent pas : Koba, le bonobo à l'oeil blessé et au visage balafré est joué par Toby Kebbell qui a récemment décroché le rôle du méchant, le Docteur Fatalis, dans THE FANTASTIC FOUR qui sera réalisé par Josh Trank. Cornelia, la femme de César, est interprétée par Judy Greer. En plus d'une référence historique à Cornelia Cinna, la première femme du général romain et homme d'État Jules César , son nom lui a été donné en clin d'œil à Cornelius joué par Roddy McDowall dans le film de 1968. Terry Notary retrouve son personnage de Rocket, qu'on a lui aussi découvert dans LA PLANÈTE DES SINGES : LES ORIGINES. On retrouve également Karin Konoval dans le rôle de Maurice, ancien orang-outang de cirque qui a été forcé de faire des numéros pour divertir ses geôliers humains. Plein de sagesse il s'occupe de l'éducation des jeunes singes.

Chez les humains le casting a été complètement revu. On ne sait pas ce qu'il est advenu du père humain de César joué par James Franco, on ne peut que supposer qu'il n'a pas survécu au virus qu'il a lui-même créé. Ce que l'on sait par contre c'est que l'acteur a décliné de reprendre son rôle. Le principal contact humain de César est Malcom, le personnage interprété par l'australien Jason Clarke, futur John Connor dans le prochain TERMINATOR (2015). Loyal, César lui fait confiance pour que ne s'envenime pas les relations entre les singes et les humains. Il élève seul son fils adolescent Alexander joué par Kodi Smit-McPhee. Il est proche d'Ellie, une infirmière qui travaillait au Centre de contrôle des maladies (CDC) et qui a échoué à empêcher la contagion par le virus. Elle est interprétée par Keri Russell vue dans MISSION IMPOSSIBLE 3 (2006) de J.J. Abrams et plus récemment dans le DARK SKIES (2013) de Scott Stewart. Dreyfus, un ancien policier joué par un certain Gary Oldman, est devenu le chef de la colonie, une figure d'autorité dont l'intention est non seulement de sauver ce qui reste de l'humanité, mais aussi de rebâtir la civilisation des hommes, dix ans après les ravages causés par la grippe simienne. On ne présente plus l'acteur récemment à l'affiche de ROBOCOP (2014) !

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C'est à l'origine Rupert Wyatt, le réalisateur du premier volet, qui avait repris les rennes de cette suite. Mais la pression de la part des studios quand à une date de sortie d'abord prévue pour le mois de mai 2014 avant même que le script ne soit finalisé a été trop grande. Le cinéaste a abandonné le projet à la fin de 2012. C'est donc Matt Reeves, grand ami de J.J. Abrams, qui avait su donner un réalisme inattendu à son thriller de science-fiction de 2008, CLOVERFIELD qui a été choisi. Il déclare : "Tout ce que j'espère, c'est que même en sachant tout des effets visuels de LA PLANÈTE DES SINGES : L'AFFRONTEMENT, les gens se diront 'Hé, attendez une minute : vous êtes sûrs qu'il n'y a aucun vrai singe dans ce film ?'" Qu'il soit rassuré, le film est une belle réussite, tant technique qu'émotionnelle.

03 août 2014