Upside Down

(Upside Down)

 L'histoire

Cet homme et cette femme n'auraient jamais dû se rencontrer. Chacun appartient à un monde différent, tout proches mais aux gravitésopposées. Le ciel de l'un est le sol de l'autre.

Adam est un jeune homme ordinaire vivant dans le modeste monde du bas. Il mène une vie humble et tente de joindre les deux bouts. Un jour, entre deux programmes de TV, apparaît sur son écran une belle jeune femme. Son sang ne fait qu'un tour, c'est Eden, grand amour de jeunesse vivant dans le monde du haut, un monde d'opulence. Il l'avait connue sur le mont des Sages, l'un des points culminants des deux mondes. L'amour fou n'en devient que plus fort, et retrouver Eden devient pour lui un objectif vital… Rien ne pourra l'arrêter, pas même les lois de la science!

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Le petit mot du Doc

Voici un film qui sort des sentiers battus ! L'idée est totalement inédite. UPSIDE DOWN n'est pas l'adaptation d'un roman, d'un comics ou d'un autre média, mais un concept inédit en provenance directe de l'esprit du réalisateur Juan Solanas, photographe de formation. L'image inspiratrice pour son troisième film après le court métrage L'HOMME SANS TÊTE (2003) et le long NORDESTE (2005), était celle de deux montagnes, l'une au-dessus de l'autre, inversées, avec un homme sur un des sommets et au-dessus de lui, la tête en bas, une femme. Ce flash sera bien entendu transposé à l'écran de manière forte.

Dans ce conte de fée moderne nous sommes en présence de deux mondes, une bizarrerie de dame nature cosmique. Deux mondes opposés vivant chacun l'un au–dessus de l'autre à quelques centaines de mètres et possédant chacun sa propre gravité. Autant dire qu'il est impossible pour une personne de vivre de l'autre côté. S'ils savent leurs existences respectives, leurs habitants ne se côtoient pas, c'est même interdit, et chaque monde s'est développé à part. Le monde du bas est pauvre, en ruine ; le monde du haut est développé et prospère. On pourra toujours rapprocher cette fantasmagorie inédite à notre monde et notre société où il y en a toujours un pour exploiter l'autre. Ici le monde du haut s'enivre des ressources pétrolières du monde du bas et lui revend son électricité au prix fort. C'est l'antinomie nécessaire à raconter une histoire.

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Pour procéder à ces "échanges" commerciaux et relier les deux mondes, une multinationale un brin totalitaire appelée Transworld a créé une tour géante qui relie les deux mondes avec comme point central le "niveau zéro", l'étage neutre à mi-chemin entre les deux univers. C'est l'unique lieu où les gens du haut et les gens du bas travaillent ensemble. Là est situé un immense plateau de bureaux ou chacun s'emploie pour la compagnie omnisciente et omnipotente. Si les gens des deux mondes ne sont pas supposés se fréquenter, c'est ici, pour des raisons professionnelles, leurs seuls contacts autorisés, sans pour autant pouvoir se parler en face, toujours inversés l'un par rapport à l'autre. Une situation qui apporte aussi son lot de cocasserie et d'humour !

Mais dans ce paysage renversant, la véritable histoire du film est une romance digne du Roméo et Juliette de William Shakespeare. Un amour non pas rendu impossible pour des raisons familiales, mais c'est tout comme. Ici il est interdit d'entretenir des relations inter-mondes, comme si cela devait mener à leurs pertes communes. De plus, leurs lois physiques contraires rendent impensable toute relation entre deux personnes d'origines opposées. Juan Solanas a pourtant eu envie de rendre cet amour possible et a fait d'UPSIDE DOWN un conte, une fable irréelle emplie de sincérité et d'images poétiques.

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Adam et Eden se sont connus par hasard lorsqu'ils étaient enfant sur une montagne interdite dont les sommets sont suffisamment proches l'un de l'autre pour se parler… et avec un peu d'astuce se rencontrer. Avec l'adolescence ils se sont aimés. Mais suite à un accident, Eden est devenue amnésique et leur relation découverte, on les a éloigné l'un de l'autre avec interdiction de se revoir. Dix ans plus tard, du jour où il comprend qu'elle travaille chez Transworld, Adam va tout mettre en œuvre et user de tous les stratagèmes pour retrouver cette fille qui n'a aucune idée de qui il est, pour la convaincre qu'ils se sont follement aimés autrefois… Pour elle il n'est pas loin de décrocher la lune. Kirsten Dunst, l'actrice qui incarne Eden, ex-petite amie du SPIDER-MAN de Sam Raimi choisie non seulement pour son professionnalisme mais aussi pour sa beauté nécessaire à ce conte de fées, avoue en riant : "J'ai déjà fait un film où j'embrasse un garçon à l'envers, dans SPIDER-MAN… Je ne pensais pas que je ferais ça deux fois dans ma carrière !"

Pour peu, l'héroïne du film aurait pu s'appeler Eve. Vous pensiez que les noms des personnages avaient été choisis par hasard ? Car le final d'UPSIDE DOWN, que je ne vous révèlerai pas, est le début d'une ère nouvelle, d'un nouveau monde, d'une nouvelle humanité, le Big Bang, l'étincelle d'une année zéro…

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Au-delà de la poésie qui en émane, le film nous ramène aussi à la réalité de notre monde quotidien. C'est une parabole, une métaphore de notre monde, géopolitique et humaine, où une partie de la planète se nourrit de l'autre. Le film aborde de nombreux thèmes, l'esclavage, l'apartheid, le capitalisme, la différence des classes, les relations interraciales. Comme le dit justement Juan Solanas : "La gravité est une allégorie, une façon de marquer une différence nette, de nous rappeler qui l'on est. Quoi que l'on fasse, on ne peut pas changer de gravité ; qui que l'on soit, on garde nos racines, on appartient au monde d'où l'on vient."

Il est peu de préciser que le tournage d'un tel film à demandé de gros efforts non seulement techniques mais aussi de visualisation et de conception. Bref, UPSIDE DOWN a été pour les techniciens et l'équipe de production une réflexion permanente. Il a fallu réfléchir au sens d'une larme qui tombe, aux cheveux longs qui pendent vers le haut ou vers le bas… L'une des principales difficultés a été liée à la direction des regards. Comment deux acteurs peuvent-ils se regarder "les yeux dans les yeux" alors qu'ils ne jouent pas ensemble ?

Pour mener à bien ce film, plusieurs techniques ont été employées : trucages simples au moment de la prise de vues, techniques numériques avec tournages différés, et enfin tournage simultané avec fusion des deux images en temps réel sur écran de contrôle. Comme l'explique le réalisateur, "recréer ce monde imaginaire a évidemment représenté une incroyable quantité de difficultés techniques. Déjà, on ne peut pas tourner avec un acteur à l'envers. Quoi que l'on fasse, on ne peut pas marcher au plafond ! Nous avons donc dû tourner des scènes « à double gravité », c'est-à-dire un seul et même plan en deux fois : un décor pour le monde à l'endroit dans l'image, un décor pour le monde à l'envers. Nous avons développé des technologies très poussées qui n'avaient jamais été appliquées avant ce film, mais qui devaient s'effacer derrière l'histoire." Les scènes les plus complexes à mettre en œuvre ont été celles se déroulant à l'étage Zéro où les bureaux du monde du haut et ceux du monde du bas se font face verticalement, les employés travaillant, marchant et se parlant la tête levée.

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UPSIDE DOWN n'est certes pas dénué de petites faiblesses scénaristiques. Par exemple, comment se fait-il que le sang ne monte pas à la tête d'Adam quand il évolue dans le monde du haut ? Comment ses chutes d'un monde à l'autre lui épargnent-elles la vie ? Mais outre ces détails vite oubliés, ce qu'il faut retenir avant tout c'est qu'il s'agit d'un conte merveilleux qui évolue dans un monde à la fois merveilleux et omnipotent d'où émane une histoire d'amour d'une telle intensité qu'elle va révolutionner non pas un univers, mais deux. Avec son imagerie surprenante et ses réelles bonnes idées, UPSIDE DOWN est rafraichissant à souhait et apporte pour une fois quelque chose de vraiment neuf au genre cinématographique.

09 mai 2013